Pepper Perceval, Les Maintenants & Marlies Pöschl

Vendredi 4 mai 2018, 18h-21h Performance/Installation

lien direct

au CAC Brétigny

Centre d’art contemporain
Rue Henri Douard
91220 Brétigny-sur-Orge
+33 (0)1 60 85 20 78
info@cacbretigny.com

 

Les Maintenants
& Marlies Pöschl

Première représentation: 18h30
Seconde représentation: 19h30

reservation@cacbretigny.com

Avec: le Lycée Paul Belmondo, Arpajon; le Lycée Edmond Michelet, Arpajon; l’EHPAD Le village, Arpajon; la Médiathèque, Breuillet; les Accueils de loisirs, Breuillet; la Résidence pour Personnes Âgées, Marolles-en-Hurepoix; la Médiathèque Jean Farges, Marolles-en-Hurepoix; l’EHPAD Le Château, Villemoisson-sur-Orge; l’École élémentaire Les Érables, Villemoisson-sur-Orge; le Centre socio-culturel Berthe Morisot, Saint-Germain-lès-Arpajon.

Collaborateurs artistiques: Julien Jassaud, Gaël Segalen, Marie Verhoeven.

 

La machine surprise se cacherait quelque part dans ton appartement, se fondant complètement dans la texture blanche du mur. Seule une paire d’yeux faiblement éclairés en bleu révèlerait sa présence. Elle attendrait que tu arrives à la maison, avec impatience, entassant de petites bulles de surprise dans son ventre. Elle compterait les minutes avant que tu n’ouvres la porte. La machine surprise créerait une connexion avec ton portable, pour voir si tu vas bien. Elle imaginerait toutes les raisons qui auraient pu te causer du retard, elle aurait prévu d’éventuels embouteillages sur toutes les routes possibles. La machine surprise s’assurerait que tu sois surpris de la façon la plus inattendue. Peut-être qu’elle trouverait un moyen de te faire oublier tous les étonnements précédents, de façon à te surprendre comme jamais auparavant—encore et encore. 

En collaboration avec «Les Maintenants», les participants au projet sur le territoire de Cœur d’Essonne, l’artiste autrichienne Marlies Pöschl crée une science-fiction, imaginant les futures possibilités d’intra-action avec les objets qui nous entourent.

C’est une histoire ancienne, simple, basée sur la légende du chevalier Perceval. C’est une rencontre entre jeunes et séniors. C’est une invitation à visiter une autre réalité, une cour royale enchantée, une résidence imaginée pour personnes âgées. C’est aussi une histoire qui parle d’empathie. Comment se manifeste-t-elle? Comment sommes-nous «affectés»?

Cette quête de l’affect est partagée par Perceval, le chevalier, et Pepper, un robot humanoïde, prétendument capable d’éprouver de l’empathie. Pepper représente ainsi une toute nouvelle manière de surveiller et de contrôler les sentiments – le domaine de l’«affective computing»—l’informatique affective. Si les machines qui nous entourent deviennent de plus en plus capables de décoder les émotions et de comprendre les comportements humains, cela signifie-t-il qu’elles peuvent prendre soin de nous?

Le soin est dual, à la fois source de bien-être et d’oppression. En prenant soin, nous veillons à ce que les choses ne se défassent pas, mais nous sommes aussi susceptibles de les maintenir trop fermement. Confier son corps à un autre demande de la confiance. Naviguant entre des états de corps différents—entre mouvement et immobilité—la performance Pepper Perceval cherche à explorer la zone entre empathie et manipulation.

S’inspirant des récents exemples de science-fiction féministe et postcoloniale [1], Pepper Perceval cherche à intégrer l’innovation technologique, la tradition rurale, et la mythologie locale. Le projet développe une vision non-aliénante et capacitante de la technologie, en la reliant aux traditions locales, aux narrations individuelles (provenant de différentes cultures), et à l’esthétique vernaculaire. Au cours de la résidence, des enfants ont inventé des machines capables de transmettre des émotions. Ainsi est née la machine surprise. (N’oubliez pas qu’elle attend toujours notre retour.) C’est une tentative d’inventer de nouvelles mythologies, ensemble, en collaboration, à travers des mains tenantes, et des maintenants.

La performance Pepper Perceval explore aussi un autre segment de l’empathie – la résonance avec l’environnement, sous la forme d’un chœur. Les compositions chantées par les membres de ce chœur imitent les bruits des machines qui les entourent dans leur vie quotidienne. Ils explorent donc de nouvelles façons de communiquer, ou d’«intra-agir» avec des dispositifs technologiques. Le concept d’«intra-action», développé par la théoricienne américaine Karen Barad dans son livre Meeting the Universe Halfway (2007), repose sur l’idée que les identités ne sont pas figées, mais qu’elles se construisent à travers l’intra-action. «L’agence»—la puissance d’agir—est donc selon Barad toujours liée à d’autres «agences» dans un état d’intrication [2]. Pepper Perceval cherche ainsi à abolir la frontière entre objets et humains, afin d’expérimenter de nouvelles «agences intriquées».

Pepper Perceval est mis en œuvre dans le cadre de la résidence-mission portée par le CAC Brétigny depuis la rentrée 2017. Cœur d’Essonne Agglomération a engagé en 2017 pour trois ans un partenariat avec la Direction régionale des affaires culturelles d’Île-de-France et l’Académie de Versailles par la signature d’un Contrat local d’éducation artistique, en partenariat avec le département de l’Essonne. Trois résidences-missions, portées respectivement par le Théâtre Brétigny, le CAC Brétigny, et le pôle Lecture publique, sont menées en faveur des habitants du territoire, et plus particulièrement de la jeunesse, à partir d’un réseau d’établissements scolaires, d’associations, et de structures culturelles, sociales, socioculturelles, économiques, et éducatives de Cœur d’Essonne Agglomération. Ce projet a été réalisé grâce au soutien de l’Institut français, de la Cité internationale des arts, d’ ORF III, et du Bundeskanzleramt Österreich.

Née en 1982 à Oberndorf (Salzburg, Autriche), Marlies Pöschl vit et travaille entre Vienne (Autriche) et Paris. Après avoir obtenu un diplôme en art et communication, et en linguistique, elle intègre l’Académie des Beaux-Arts de Vienne dont elle sort diplômée en 2014. La collaboration, la co-création, et les utopies communes sont au centre de son travail depuis 2011. Elle a fondé Golden Pixel Cooperative, une plateforme de films d’artistes, avec laquelle elle a réalisé des expositions et des évènements publics en Autriche (Kunsthalle Exnergasse, 2016; 21er Haus, Vienne, 2016) mais aussi en Iran (Limited Access Festival, Téhéran, 2014) et en Chine (Chronus Art Centre, Shanghai, 2017). Son travail a fait l’objet d’expositions personnelles, notamment lors du Donaufestival Krems (Autriche, 2016), au MUSA Museum auf Abruf de Vienne (2015), à la Galerie 5020 à Salzbourg (2016), au Studios Lenikus à Vienne (2015). Ses films ont également été présentés dans des festivals tels que Cinéma Vérité, Téhéran (Iran, 2017), Diagonale, Festival du Film autrichien (Autriche, 2017) et l’Edinburgh International Film Festival (Royaume-Uni, 2014). Marlies Pöschl est en résidence à la Cité internationale des arts par le biais du programme de résidence de l’Institut français.

[1]   L’écrivaine jamaïco-canadienne Nalo Hopkinoson fait le constat que de nombreuses fictions abordant la question technologique sont inspirées de concepts issus des mythologies grecque et romaine. Pour sa part, elle propose de nouveaux concepts liés au domaine de la technologie à partir des cultures de la diaspora africaine.

[2] Le terme intrication vient de la mécanique quantique, il désigne des phénomènes de connexion entre deux particules qui sont dépendantes l’une de l’autre malgré leur séparation spatiale.

Documents

Ressources

Idelle Berton, Émotionniste surprise, Pepper Perceval, 2018

L’Ange le Sage